Arménie 1915 - Un génocide exemplaire by Carzou Jean-Marie

Arménie 1915 - Un génocide exemplaire by Carzou Jean-Marie

Auteur:Carzou, Jean-Marie [Carzou, Jean-Marie]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2014-04-09T22:00:00+00:00


Qui est responsable ?

Il est clair que toutes les décisions de la déportation et de ses conséquences sont entre les mains du gouvernement : tout-puissant, il fait très exactement ce qu'il veut et quand il le veut ; l'administration officielle est derrière lui, obéissante et disciplinée. C'est donc un bien pauvre argument que Halil, le président de la Chambre, oppose à l'ambassadeur d'Allemagne en affirmant : « Le gouvernement n'approuve pas les massacres et autres atrocités, mais il n'est pas toujours en mesure d'empêcher les excès commis par la masse et les autorités subalternes ont commis des erreurs lors de l'exécution des mesures de déportation (16). »

Peut-être le pouvoir n'appartient-il toujours qu'à ce petit clan du Comité Union et Progrès qui ne compte qu'une quarantaine d'hommes, mais ils déterminent tout et personne ne proteste. Leur volonté implacable se double en effet d'un usage de la terreur qui explique la cohésion et l'obéissance de l'administration. Il y a quelques exemples de fonctionnaires qui refusent d'appliquer ces mesures inhumaines ou le font avec modération ; toute relative qu'elle soit, c'est encore trop : à peine est-elle connue que le fonctionnaire est destitué, parfois emprisonné, puni lui-même - et c'est pis encore s'il refuse de mettre en œuvre la déportation. Ainsi, Djelal bey, vali d'Alep, sera rappelé et remplacé par un fonctionnaire plus dur, Békir Sami bey ; c'est l'exemple le plus connu, mais la même chose arrivera au vali d'Angora ; et nombreux sont les kaïmakams ou les mutessarifs qui seront destitués, l'un d'eux sera même exécuté.

Car le Comité a conservé dans tout le pays le réseau de membres sur lesquels il s'était appuyé dès avant 1908 et il l'a même développé, pour la circonstance, en une sorte d'administration parallèle, secrète comme tout ce qui le caractérise et toute-puissante. Elle sert cette fois à assurer et à contrôler, par-dessus l'autorité officielle des responsables administratifs, l'exécution des mesures décidées à Constantinople ; elle a d'ailleurs un nom spécifique, Techkilat-i Mahsoussé, ou « organisation spéciale ». Son fonctionnement a bien été mis en lumière au cours du procès dit des « Unionistes » qui eut lieu en 1919 à Constantinople : formée d'individus sortis de prison dans ce but, elle recevait ses instructions soit de Constantinople soit sur place, mais toujours de membres du Comité. Et elle avait pour raison d'être essentielle la mise en œuvre des pillages et des massacres, à l'encontre des Arméniens mais certainement aussi, quoiqu'à un degré beaucoup moindre, aux dépens d'autres parties de la population. Les documents cités à ce procès, et l'acte d'accusation lui-même, publiés à l'époque dans le Journal officiel de l'Empire (Takvim-i Vakayi), montrent le rôle primordial indiscutablement joué dans cette affaire par les chefs du Comité : Nazim, Djevad, Behaeddine Chakir, à côté d'Enver, de Djemal, de Talaat dont tous attestent qu'il fut l'instigateur décisif et en dernier ressort le maître de la déportation.

À l'aide des rapports allemands, on voit ainsi apparaître une sorte de répartition des tâches : Djemal déclare que « c'est Talaat



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